lundi 09.05.16
METACARTOONS
“Let’s make some funny pictures” Tex Avery
Le cycle « Metacartoons » présenté par le Centre Pompidou fait la part belle à la créativité sans limites du « cartoon », à ce cinéma d’animation dans son expression la plus jouissive, adoré par le public, mais rarement considéré à égal avec les beaux-arts. Terrain d’expérimentation particulièrement fécond dépourvu, a priori, d’ambition spéculative, ces dessins animés questionnent des notions fondamentales qui ont nourri l’art moderne, les intuitions formelles et les réalisations de cinéastes et plasticiens de la modernité.
Du cinéma des origines aux productions de Walt Disney, les intérêts des avant-gardes historiques et l’ingéniosité des cartoonistes se croisent et se recoupent sans cesse. Très tôt objet d’attention du musée – notamment le MoMA à New York dès les années 1930 – le cartoon parachève sa vocation à s’emparer des préoccupations modernistes sous le trait de créateurs comme Friz Freleng, Bob Clampett, ou encore Tex Avery.
« Metacartoons » retrace une histoire potentielle des rencontres entre l’art et le cartoon, le sérieux et l’irrévérencieux. Sujet d’élection pour un certain nombre d’artistes du pop art américain des années 1960 ou bien modèle d’une scène underground iconoclaste, le cartoon anticipe et nourri de manière directe, ou non, le film expérimental et d’artiste. Se jouant de la confusion des genres et des formats, du film expérimental aux long-métrages de fiction, en passant par une sélection des cartoons iconiques présentés sur leurs supports originaux, le programme invite également des artistes contemporains – Zoe Beloff, Isabelle Cornaro ou encore Martin Arnold – à faire dialoguer leurs œuvres avec ces objets. Un renversement de perspective s’opère : le cartoon devient à son tour sujet d’investigation et de relectures savantes. That’s all folks ! ou peut-être pas ?
Pour ses Disney Series, l’artiste autrichien Martin Arnold s’approprie des célèbres personnages de dessin animé, de Mickey Mouse à Pluto. Dans la continuité de ses oeuvres précédentes (Pièce touchée, 1989 ou bien Passage à l’acte, 1993), Arnold ne recourt qu’à un fragment de quelques secondes arraché à une séquence pour venir l’étirer dans le temps de la projection. Répétant inlassablement leurs mouvements, les personnages, dépourvus de leur action et de leur contexte initial, apparaissent à l’écran dans l’inquiétante étrangeté de leurs convulsions. Profondément psychanalytiques et hypnotiques, ces expérimentations de l’artiste déconstruisent les personnages pour les reconstruire pièces par pièces sur un fond noir. En détournant les techniques de l’animation traditionnelle, Martin Arnold interroge la perception des divers phénomènes présents entre les images comme dans l’anatomie de Pluto et Mickey Mouse.
Martin Arnold, cinéaste autrichien internationalement acclamé pour ses films de found-footage, a suivi des études en psychologie et en histoire de l’art. Réalisateur indépendant depuis 1988, il intervient depuis 1995 comme enseignant invité dans des universités américaines et allemandes. Cofondateur de Sixpack Film, il a organisé plusieurs manifestations autour du cinéma d’avant-garde. Ses films ont obtenu de nombreux prix dans des festivals internationaux.
Un projet du service des collections des films du Centre Pompidou proposé par Enrico Camporesi et Jonathan Pouthier
Programmation : DUCK AMUCK (Chuck Jones, 1953), HELLZAPOPPIN’ (H.C. Potter, 1941), THE INFERNAL DREAM OF MUTT AND JEFF (Zoé Beloff, 2011), MUTT AND JEFF, IN HELL (Bud Fisher, 1926), HA HA HA (Dave Fleischer, 1934), PORKY’S PREVIEW (Tex Avery, 1941), THE ENCHANTED DRAWING (Jack Stuart Blackton, 1900), CELEBRATIONS (Isabelle Cornaro, 2013), ARTISTS AND MODELS (Franck Tashlin, 1955), MERRIE MELODIES, DAFFY DUCK AND EGGHEAD (Fred Avery, 1938), RABBIT’S RAMPAGE (Chuck Jones, 1955), THE MASK (Chuck Russel, 1994), PLANE CRAZY (Ub Iwerks, 1928), ALICE SPOOKY ADVENTURE (Walt Disney, 1924), MOUSSE HEAVEN (Kenneth Anger, 2004), BLACK HOLES (Martin Arnold, 2015), THE RELUCTANT DRAGON (Hamilton Luske & Alfred L. Werker, 1941), THE THREE CABALLEROS (Norman Ferguson, 1944), DOTS (Norman McLaren, 1940), LOONEY TUNES BACK IN ACTION (Joe Dante, 2003)… Et bien d’autres encore !
À savoir
Centre Pompidou – CINÉMA 2
Tarifs : 6 € / Tr 4 € et pour les Laissez-passer
Projection de « Disney Series » de Martin Arnold le samedi 14 mai 2016 à 19h en présence du cinéaste